Dons planifiés : ici et dès maintenant

Avant l’année qui vient de s’écouler, je n’ai jamais pensé laisser un don testamentaire à un organisme de bienfaisance. En fait, l’idée même d’avoir un testament me pesait et m’a toujours laissée mal à l’aise. Je me suis toujours considérée comme une personne étrangère à la petite mentalité conservatrice de la classe moyenne — j’en faisais peut-être partie sur le plan économique, mais certainement pas sur le plan social ou psychologique. Activiste toujours, d’un âge non dévoilé mais plus avancé que la plupart, j’ai commencé à me retrouver en train de faire des choses qui ancraient ma vie dans la société. J’ai remplacé les caisses pour transporter le lait par de véritables rayons de bibliothèque, et un futon par un matelas. J’ai acheté une maison, contracté une hypothèque et même embauché des déménageurs au lieu de demander l’aide d’un ami qui possède une fourgonnette. Je me suis réveillée un jour et j’ai réalisé que j’avais des REER. Je suis devenue mère. Cette dernière étape a été décisive et même si mes biens étaient encore plutôt modestes, j’avais des biens, ainsi qu’une assurance-vie. Il me semblait irresponsable, même imprudent, de ne pas avoir de testament. Aussi j’en ai fait un… seulement l’essentiel, au cas où, et j’ai continué ma route. Puis, en avril 2013, je me suis jointe à une organisation très spéciale, l’Association canadienne des professionnels en dons planifiés (ACPDP), à titre de nouvelle directrice générale. Cette organisation met en contact et soutient des gens qui sensibilisent les donateurs aux valeurs et aux occasions de donner. Mes yeux se sont ouverts et cela a changé ma perception de moi-même en tant que donatrice et philanthrope. Ayant travaillé dans le secteur caritatif canadien pendant près de 30 ans, j’en ai acquis une profonde connaissance, je m’y suis fermement engagée, et je fais du bénévolat et offre des dons depuis aussi longtemps que je me souvienne. Comme directrice du personnel, j’ai rêvé de ce legs important qui atterrirait dans nos bureaux, cadeau d’un étranger discret maintenant décédé qui aurait assuré cet héritage pour l’avenir. Mais cela semblait bien ésotérique et échappait à notre influence. Un legs, c’est quelque chose qui « arrive tout seul », n’est-ce pas? Il est certain qu’un organisme de bienfaisance n’est pas au courant de la grande majorité des legs qui lui sont laissés, jusqu’à ce qu’on l’appelle à ce sujet. J’ai appris que les dons planifiés ne sont pas réservés à certaines situations. Ils ne sont pas réservés aux PVNE (nous aimons tous les abréviations), c’est-à-dire aux personnes à valeur nette élevée… ils peuvent provenir de personnes au revenu plus modeste. Ce ne sont pas tous des dons à six ou sept chiffres… la plupart ne le sont pas. Ce n’est pas toujours pour avoir à son nom une pierre angulaire d’un édifice… c’est plus généralement un remerciement sincère. Ce n’est pas toujours un don prévu dans une succession… la plupart des gens font aussi des dons dès maintenant. J’ai appris que c’est une question de relations et de réflexion. J’ai appris le profil des personnes qui font des dons planifiés : des femmes, souvent seules, à l’aise, dont les enfants ont grandi et sont devenus indépendants; et qui font des dons depuis un certain temps, parfois à la même organisation pendant bien des années. J’ai commencé à me reconnaître dans ce profil; étais-je une donatrice qui planifiait ses dons? Bien que j’aie fait sporadiquement des dons à beaucoup d’organismes de bienfaisance, j’ai réalisé qu’il y en a quelques-uns à qui j’offre des dons depuis de nombreuses années. Ainsi, durant plus de 15 ans, j’ai soutenu un petit organisme communautaire par un petit montant prélevé mensuellement sur mon compte chèque. Et pendant longtemps j’ai offert sporadiquement des dons annuels à un autre organisme. Je ne me souviens pas d’avoir déjà parlé à quelqu’un de mes dons à ces organismes de bienfaisance, mais ce ne serait pas surprenant que je l’aie fait. Lorsque je m’arrête pour réfléchir, ces dons représentent absolument ce que je suis et ce qui m’intéresse. Cela veut peut-être dire que moi aussi, je peux faire un legs. J’y ai songé et cela m’a semblé juste et donné l’impression d’être plus forte. J’ai appelé mon avocat et j’ai pris un rendez-vous pour changer mon testament. Maitenant, deux organismes de bienfaisance qui sont importants pour moi recevront de ma part un don successoral. Peut-être qu’un jour, lorsqu’ils téléphoneront pour solliciter un autre don, je le leur dirai. Mais peut-être pas. Est-ce que je suis trop vieille pour dire que c’est « cool »?

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