Les choix de Marina : la StopGap Foundation

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Dans la série Les choix de Marina, Marina Glogovac, présidente-directrice générale de CanaDon, présente quelques-uns des nombreux organismes de bienfaisance qui lui tiennent à cœur. Aimant promouvoir les plus petits organismes de bienfaisance, Marina veut aider la population canadienne à découvrir des organismes moins connus qui travaillent à l’édification de communautés meilleures.

Full body shot of Luke Anderson, Founder and Executive Director of StopGap Foundation in his wheelchair in front of accessibility ramps with the STOPGAP.CA logo

On trouvera ci-dessous une entrevue entre Marina Glogovac et Luke Anderson, fondateur et directeur général de la StopGap Foundation. Cette entrevue a été légèrement éditée pour la raccourcir et pour des raisons de clarté. 

MG : Que fait la StopGap Foundation et qu’est-ce qui la rend unique?

LA : StopGap sensibilise les communautés aux avantages des espaces sans obstacles et aide à créer de tels espaces. Nous sommes connus pour notre projet iconique de rampes d’accès — des rampes déployables, aux couleurs vives, qui peuvent être placées partout où existe un besoin. Les rampes StopGap sont une solution aux obstacles à l’accessibilité dus à des marches uniques, et elles sont très pratiques pour les locateurs, les propriétaires, les gestionnaires d’un édifice et les locataires qui ont des problèmes d’accessibilité. Les obstacles nuisent à de nombreuses personnes (parents se promenant avec une poussette, personnel de livraison, personnes âgées). À un moment ou l’autre, nous devons modifier notre façon de nous déplacer dans notre communauté parce que nous sommes devenus des parents, à cause d’une blessure ou parce que notre mobilité est réduite en raison du processus naturel de vieillissement. Aussi nous devons nous assurer que des aménagements sont apportés afin que nous puissions nous déplacer de la façon la plus indépendante et spontanée possible, peu importe nos capacités.

MG : En tant que mère, j’ai beaucoup aimé les rampes, et je fais désormais partie d’un groupe plus âgé. J’ai récemment fracturé mon poignet et je suis très prudente maintenant. J’ai peur de trébucher et de tomber, et j’apprécie tout à fait les rampes.

MG : Comment a démarré la StopGap Foundation?

LA : Tout a commencé lorsque j’ai subi une lésion de la moelle épinière. J’étais un athlète talentueux et j’ai été blessé gravement lors d’une chute à vélo. En une fraction de seconde, ma relation au monde a changé. Un nouveau monde, avec de nouvelles frustrations, s’ouvrait devant moi. Le monde n’est pas conçu pour une personne en fauteuil roulant. L’environnement bâti comporte une foule d’obstacles physiques. Je ne peux pas avoir accès à beaucoup de sites de concert ou aller à des restaurants avec mes amis — de nombreux petits sites de concert et restaurants ne sont pas accessibles au niveau du sol, et les toilettes sont souvent au sous-sol. Je n’ai plus l’indépendance ou la spontanéité qui étaient les miennes avant d’avoir besoin d’un fauteuil roulant pour me déplacer.

J’ai été pendant 8 ans un ingénieur constructeur et, ironiquement, il y avait des obstacles même sur mon lieu de travail. Je devais me faire aider par quelqu’un pour entrer et sortir de l’édifice. Nous avions une rampe en métal très lourde et, chaque fois qu’elle était déployée, je remarquais que d’autres en profitaient aussi. La rampe était appréciée par des parents qui se déplaçaient avec une poussette ou par du personnel de livraison qui utilisait un chariot.

Une idée a germé et, en 2011, j’ai fabriqué avec mon collègue et 12 autres personnes la première rampe StopGap, et nous avons lancé une campagne de sensibilisation et de distribution de rampes dans le quartier Junction à Toronto. Des propriétaires d’entreprises nous disaient au début qu’ils ne voulaient pas de rampe : « aucun de mes clients n’utilise de fauteuil roulant ». On ignore beaucoup l’importance de l’accessibilité, et StopGap éduque pour aider à combattre cette ignorance. La création d’espaces accessibles et inclusifs ajoute une valeur aux entreprises. L’accès universel est un droit de la personne.

Je croyais qu’il s’agirait d’une expérience unique, mais StopGap s’est développé pour soutenir des communautés partout au Canada et, en 2013, nous avons obtenu notre enregistrement comme organisme de bienfaisance canadien. J’ai laissé mon emploi d’ingénieur et je travaille maintenant à temps plein comme directeur général de la fondation. Nous avons beaucoup appris depuis nos tout débuts, et nous avons lancé des programmes intéressants pour sensibiliser aux obstacles de notre environnement bâti. Nous travaillons avec les communautés afin d’éliminer ces obstacles.

MG : Quel a été l’impact de la COVID-19 sur votre travail?

LA : La COVID-19 a eu un impact énorme sur moi, tant sur le plan personnel que professionnel. La distanciation physique ne me convient pas, car j’ai besoin de l’aide d’autres personnes.

En ce qui a trait à la StopGap Foundation, beaucoup de nos activités (ateliers en entreprise, présentations scolaires, interactions avec des propriétaires d’entreprises et engagements communautaires) nécessitent des échanges avec des personnes, ce qui n’est pas possible en ce moment.

Nos revenus ont aussi beaucoup chuté. Notre campagne annuelle d’automne (notre plus grande source de fonds sans restriction pour nos opérations générales) n’a pas été un succès, mais cela nous a forcés à innover et à prendre de l’expansion. Cette nouvelle réalité a mis en évidence quelques-unes de nos faiblesses. En raison de l’interruption de nos programmes, nous avons eu le temps de réévaluer ce que nous faisions et de modifier nos façons de faire. Nous avons apporté des changements à nos systèmes de soutien, à nos activités, et à nos façons de mener nos collectes de fonds. La rationalisation de notre travail nous a aidés à corriger les faiblesses révélées par la pandémie.

Nous avons dû être souples et apprendre rapidement afin de mettre en œuvre d’autres mesures. J’ai renforcé mes compétences en matière de collecte de fonds. Dans le passé, je n’aimais pas demander de l’argent. J’évitais les appels téléphoniques où je ne me sentais pas à l’aise. Mais les gens répondent lorsque je leur explique qui nous sommes et ce dont nous avons besoin. J’ai réalisé que ce peut être rentable de parler ouvertement et honnêtement de nos difficultés.

MG : Pouvez-vous expliquer quelque chose qu’ignorent les gens ne faisant pas partie de votre organisation?

LA : Je veux aider les gens à comprendre que notre environnement bâti est souvent plus incapacitant que le handicap lui-même. Les espaces peuvent handicaper les gens. Les espaces jonchés d’obstacles nous entravent. Souvent, la conception des environnements que nous habitons ne tient pas compte des personnes vivant avec un handicap, et ne reconnaît pas nos expériences de vie uniques, qui sont elles aussi importantes. Le monde est conçu pour des hommes en santé mesurant 5 pi 9 po, et pesant 175 livres. Les bureaux sont climatisés, et la température standard de 21 degrés est confortable pour les hommes vêtus d’un habit. La conception des produits, et les espaces dans lesquels nous vivons, travaillons, apprenons et jouons, ne conviennent pas à tout le monde.

La Loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario (APHO) est entrée en vigueur en 2005. L’objectif de l’APHO est d’offrir une pleine accessibilité d’ici 2025.

Les rampes StopGap ne sont qu’un début. Nous avons lancé la conversation autour d’une rampe frontale, maintenant nous nous attarderons à l’espace intérieur. Tout doit être réinventé, de la taille du texte des menus à la façon dont sont espacées les allées, jusqu’au service à la clientèle et aux codes de conduite. Les toilettes sont un important obstacle et il est coûteux d’en offrir l’accessibilité, aussi nous encourageons le dialogue entre entreprises pour aider celles qui n’ont pas de toilettes accessibles à connaître des entreprises qui en ont. Nous pavons la voie à des solutions novatrices, et nous bâtissons la communauté en éduquant les entreprises afin qu’elles dirigent leur clientèle de façon appropriée lorsque des aménagements sont requis.

Head shot of CanadaHelps President and CEO Marina Glogovac.Je vous encourage à découvrir et à soutenir cet organisme de bienfaisance inspirant qui déploie tant d’efforts pour soutenir la communauté. Apprenez-en davantage au sujet de la StopGap Foundation sur son site Web, ou faites un don via le profil de cet organisme sur CanaDon.

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