La violence dépasse les frontières géographiques

Il y a quelques mois, bien des gens ont été choqués par une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a trouvé une femme sur trois dans le monde vivent dans la violence physique ou sexuelle.

Évidemment, la majorité des commentaires ont surtout porté sur la question de la situation des femmes dans les pays du Sud. Selon le rapport, près de la moitié de toutes les femmes vivant en Afrique sont victimes de violence. Ainsi, face à de telles statistiques catastrophiques, la tentation est grande de balayer du revers de la main la violence que subissent les femmes dans des pays développés tel le Canada comme quelque chose de  “pas si pire que ça”

Préparez-vous pour quelques surprises.

La seule étude canadienne majeure ayant jamais demandé aux femmes de parler des expériences de violence dont elles ont été victimes au cours de leur vie (menée par Statistique Canada il y a plus de vingt ans) a révélé que 50 % de toutes les femmes avaient subi au moins un incident de violence physique ou sexuelle dès l’âge de 16 ans.

L’an dernier, Statistique Canada a indiqué que chaque nuit environ 6 000 femmes et enfants sont obligés de dormir dans un refuge parce qu’il est trop dangereux pour eux de rester à la maison. Au cours d’une seule année, 473 900 femmes canadiennes âgées de plus de 15 ans ont été victimes d’une agression sexuelle.

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Récemment, la Fondation canadienne des femmes a mené deux études distinctes pour découvrir l’ampleur de la violence envers les femmes au Canada. La première étude a révélé que 67 % des Canadiens connaissent personnellement une femme qui a été agressée sexuellement ou physiquement. La deuxième étude, menée par l’Université de Calgary, a découvert qu’à chaque heure de chaque jour, une femme de l’Alberta est une victime de violence conjugale d’un ex-partenaire. (Cela ne tient pas compte de tous les types de violence conjugale)

Si vous êtes comme la plupart des Canadiens, vous trouvez cette situation tout à fait inacceptable. Et, si vous êtes comme la plupart des Canadiens, vous serez surpris d’apprendre que vous payez le prix, de façon personnelle, pour cette violence.

Collectivement, la violence domestique coûte aux Canadiens environ 7,4 milliards de dollars par an. Selon un rapport du ministère de la Justice, c’est le prix que nous dépensons collectivement  pour tout, soit de la police à la santé mentale des enfants, des visites en salle d’urgence et aux funérailles. Puisque la totalité des coûts sont si difficiles à calculer, le rapport décrit ces chiffres comme «une estimation prudente. » Évidemment, le prix le plus élevé est payé par les victimes en frais juridiques, perte de salaire, la douleur et la souffrance et la perte de la vie. Les personnes qui leur sont proche souffrent aussi : leurs enfants, amis, familles, et des employeurs.

Voici une autre surprise: Les experts estiment que des milliers de femmes et de filles au Canada sont victimes de la traite dans la prostitution forcée. C’est une grosse affaire. Ces criminels peuvent recevoir jusqu’à 280 000 $ chaque année pour chaque fille ou femme qu’ils exploitent. La moyenne d’âge de la plupart des filles qui commencent à être victime de la traite est de treize ans.

L’année dernière, nous avons pris des mesures pour mettre fin au trafic de femmes et de filles en faisant le lancement de notre Groupe de travail sur la traite des femmes et des filles au Canada. Le Groupe de travail comprend des agents de police, des universitaires, des travailleurs de première ligne, et des femmes qui ont été victimes de la traite.

Notre Groupe de travail a voyagé à travers le Canada et a rencontré plus de 160 survivantes et 260 organismes. Nous avons appris beaucoup de choses sur les trafiquants en cours de route. 

Les trafiquants sont très organisés et systématiques. Ils excellent dans l’exploitation de personnes vulnérables : des jeunes filles qui ont été victimes de violence, des femmes qui sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie, des femmes pauvres ayant peu d’alternatives économiques, et les femmes qui font face à de graves discriminations. Leurs outils comprennent la tromperie, la coercition et la violence. Au début, ils peuvent se présenter comme un ami. Ils promettent peut-être une fausse offre d’emploi et la promesse d’une vie meilleure. Parfois, ils enlèvent même la victime choisie. Une fois que  la femme ou la jeune fille est sous leur contrôle, ils les forcent à échanger des faveurs sexuelles contre de la nourriture, un refuge, des médicaments, ou de la protection.

Les femmes et les filles victimes de la traite n’ont pas le choix et n’ont pas de voix.

Voici une dernière surprise. Malgré l’effroyable réalité de la traite et la violence quotidienne vécue par tant de femmes et de filles au Canada, je suis, en fait, optimiste.

Il existe un élan formidable aux changements grâce à des milliers de femmes et de filles qui trouvent le courage de partager leurs histoires et de travailler ensemble pour réaliser ce changement. Nous avons des milliers de partisans qui trouvent le statu quo inacceptable et veulent mettre fin à la violence.

Quand vous aidez une femme à s’échapper de la violence, cela crée un «effet d’entraînement». Non seulement elle et ses enfants deviennent immédiatement plus sûrs d’eux-mêmes, mais les enfants deviennent également moins susceptibles de subir ou commettre des violences quand ils grandissent, et il en sera de même de leurs propres enfants.

C’est pourquoi nous disons : Si vous voulez changer le monde, aider les femmes et les filles est le meilleur investissement que vous pouvez faire.

Parce que quand nous le faisons, nous sommes tous gagnants.

 

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La Fondation Canadienne des Femmes investit dans le pouvoir des femmes et les rêves des jeunes filles : elle mobilise des fonds en vue d’effectuer des recherches sur les meilleures pratiques ainsi que de financer et disséminer les approches les plus efficaces pour mettre fin à la violence faite aux femmes, aider les femmes à faible revenu à sortir de la pauvreté et accroître la force et la résilience des jeunes filles.

 

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